Partir pour apprivoiser l'âme du monde.Pour les trouver tous ces regards qui donnent leur éclat aux étoiles. Partir pour fouler en un seul pas toute l'immensité de notre Terre...Nous serons enfin la goutte dans l'Océan, le grain de sable dans le désert, la minuscule particule de rosée dans la profondeur de cette vaste Forêt. Et le plus magique dans tout cela...c'est que nous le serons, ensemble !

lundi 1 août 2011

Moments en Thaïlande

(Pour voir plus de photos de la Thaïlande, cliquez ici !!)

A chaque passage de frontière, je me mets à scruter « ce qu’il y a de différent ». C’est un point intéressant, ce qu’on appelle « la frontière »…C’est le point de confrontation à nos désillusions. Ce qu’on pensait être et que, finalement, est si peu. Au-delà de la ligne, peu de choses changent vraiment, la nuance est vague et peut-être plus fantasmée que réelle. Les changements viennent petit à petit, peu à peu les choses, les gens, les situations sont colorées d’une autre densité, d’une lumière différente. C’est ce qui fait que l’on peut avoir le coup de foudre à peine arrivé dans un pays alors que presque rien ne diffère de celui qui vous venez de quitter…Cette lumière, cette densité…ce plus que vous lui trouvez sans réellement pouvoir l’expliquer. Personnellement, c’est ce qui s’est passé avec moi, quelques mètres à peine parcourus en Thaïlande, particulièrement en ce qui concerne l’environnement naturel. Je trouvais que c’est comme si « on avait ajouté du Pakistan en Malaisie ». Quelque chose de « moins ordonné » dans ces arbres qui menacent la route et qui semblent renfermer des secrets, des routes davantage sinueuses et moins plates et un espace plus ombragé, plus humide et mystérieux, plus opulent, plus généreux, bref, une nature…maternelle. Vinh l’a exprimé différemment - et très bien exprimé - lorsqu’après quelques heures de conduite il s’exclama « Ce pays est rempli d’esprits ! ».

En ce qui concerne la population, par contre, jusqu’à Phuket, on n’a l’impression que de voir que des malais et on est loin de la carte postale du bonze drapé de son tissu orange vu que le sud de la Thaïlande est majoritairement musulman.
Evidemment - comme cela arrive dans chaque pays avant qu’on n’entre dans le pays voisin -, on nous avait dit en Malaisie « traversez vite le Sud de la Thaïlande, c’est dangereux ! » à cause des indépendantistes qui veulent que le Sud devienne un Etat autonome, musulman. Après expérience, notre attitude dans ces cas : on ne prend pas ces avis à la légère, mais on ne les prend pas pour argent comptant non plus. On reste attentifs à notre environnement et à toute possibilité. La route jusqu’à Songkhla est effectivement ponctuée, de temps à autres, de checks-points militarisés la plupart du temps…déserts.

Après quelques difficultés pour la trouver - n’oubliez pas que désormais l’alphabet est différent ! – nous sommes même tentés de nous arrêter dans la petite ville de Narathiwat à cause de ses petites maisons boisées chino-portugaises, de ce petit pont qui surplombe une rivière verte ornée de colorés et usés bateaux de pêcheurs, de cette forêt de sapins à l’ombre de laquelle les familles prennent leur piquenique ou suspendent leur hamac improvisé…Ou peut-être à cause du plongeon tout habillés dans la mer, dans lequel j’ai entrainé Vinh pour échapper à ce soleil implacable.






Songkhla, nous y arrivons vers 21 heures…et on n’est pas encore au rythme thaïlandais, puisqu’apparemment à cette heure ci il devient très difficile de trouver un endroit où manger (et nous n’avons plus de gaz pour notre cuisine). Les thaïlandais soupent vers 18 heures. Nous ne pourrons en tout cas pas manger dans ces petits restaurants où selon le guide on mangerait de très bons produits de la mer,le long de la plage de Samila. On nous indique un restaurant qui serait encore ouvert, au centre de la « ville ». Enfin, on nous « indique »… J’ai oublié de dire, cependant, que depuis la frontière nous constatons que l’abîme de communication s’est encore creusé depuis la Malaisie…Ici, on ne se comprend vraiment pas !! Pour un pays éminemment touristique, c’est vraiment quelque chose qui nous étonne, les thaïlandais ne braillent pas un mot d’anglais. La plus grande hantise d’un asiatique serait de « perdre la face ». C’est pour cela que dans les guides on conseille au touriste de sourire quoi qu’il advienne et de ne pas forcer la main, de ne pas confronter l’autochtone sud-est asiatique à un dilemme dans lequel il pourrait laisser son « honneur »…Je ne sais pas s’il s’agit de cela, mais ils ne font en tout cas pas beaucoup d’efforts ; dès qu’ils comprennent qu’il s’agit de parler anglais, ils tombent dans une inaction totale.
Enfin, cet aspect de la communication j’en parle de telle manière après le séjour en Thaïlande. Au moment même, je n’adoptais pas de telles conclusions…j’étais juste très harassée…C’est une attitude qui est très loin de mes repères plutôt « sanguins »…
Donc, nous nous sommes rendus dans ce restaurant. Soudain, plus de voiles, mais des jeunes serveuses très court vêtues. Bancs et murs de bois en blanc, beaucoup de rose, des ancres, des bouées suspendues, des dauphins, bref le décor marin romantique par excellence.
Le baptême gastronomique fût…comment dire…très épicé. Et l’addition aussi. Les prix n’étaient pas ceux affichés dans le menu qu’on nous a tendu,…ah oui en fait ce dernier, c’en est un vieux de menu…ils ne l’ont pas mis à jour et dans le nouveau menu, bien-sûr, les prix ont presque doublé.
J’ai compté : dans chaque pays, on se sera fait arnaquer en beauté dans un restaurant certainement une fois (au moins…pour les fois où l’on s’en rend compte !).
Le long de la plage de Samila, la majorité des places de parking, des bancs sous les arbres, face à la mer sont occupés par des jeunes qui profitent de la nuit, en buvant, parfois accompagnés d’une guitare. Elle ne s’ennuie pas la jeunesse thaïlandaise.

Le lendemain on prend la route pour Krabi. Toujours très étonnés de voir autant de femmes voilées sur le chemin…Quelques temples cependant, gardés par des immenses bouddhas dorés. Comme entrée de certaines villes, comme pour celles des temples, il y a des sortes de grandes portes, des ouvertures, en rouge et doré…Nous découvrons aussi, de plus en plus nombreuses, les fameuses Maisons aux Esprits : sorte de petits autels en forme de temple, montés sur des colonnes ou à même le sol dans les maisons ou commerces dans lesquels on dépose des offrandes (nourriture, boissons, cigarettes, fleurs…) et brûle de l’encens afin de contenter les esprits et de toujours les avoir de son côté.




À Krabi, comme nous arrivons tard et ne parvenons pas à trouver les belles plages – on ne nous comprend pas et nous envoie dans tous les sens -, on finit par dormir dans un port d’embarquement (où des bateaux embarquent les touristes en direction de dizaines d’îles paradisiaques ; nous, cette fois, on restera sur le continent…question budget). Nous dormons en face d’un mastodonte de la mer tout en fer qui hantera nos rêves la nuit durant.




Et puis, pour ceux qui se posent la question à propos de notre toilette quotidienne, voici – inédit ! – une illustration de comment nous prenons nos douches (douche branchée sur le réservoir d’eau à l’extérieur, à l’arrière, rideau suspendu aux portes ouvertes…pour un peu d’intimité) !




Cette fois, parce que c’est plus facile en plein jour, on trouve la direction de la plage et on file droit entourés de colosses en pierre et végétal, des énormes rochers qu’un géant a semés ça et là, entre les palmiers, les lianes et la densité verte de la jungle.




Quelle jolie petite plage à Krabi ! Mer presque turquoise, vivante - pas plate et immobile comme celle qui nous a baignés à Perenthian, en Malaisie - une pluie fine et taquine et puis un coucher de soleil tout en nuances de gris et bleus secrets.




La rue, c’est un agglomérat de boutiques de souvenirs et d’articles que les touristes adorent. Et pour cause : c’est truffé de touristes. Néanmoins, ce n’est pas pour cela que nous sommes passés complètement inaperçus. En allant chercher quelque chose au camion, Charlie a entamé la conversation avec nous. Finalement, il nous a proposé de bivouaquer devant chez lui. Le soir nous avons mangé ensemble et gentiment il nous a proposé de prendre une douche (peut-être parce qu’on puait vraiment) et de dormir dans leur chambre d’amis.




Charlie est allemand et vit depuis un an maintenant presque à temps plein en Thaïlande. Il a rencontré Thaïa, sa femme, originaire du Nord de la Thaïlande - frontière avec le Laos -, par Internet il y a 4 ans. Mais contrairement à la majorité des couples que l’on voit se former ainsi en Thaïlande, il n’y a qu’une petite différence d’âge les séparant. C’est intéressant que ce soient nos premiers hôtes en Thaïlande, voilà peut-être une opportunité d’en savoir plus sur un sujet qui brasse bien des polémiques. Pourquoi, en Thaïlande, la majorité des femmes va-t-elle avec des étrangers ? Pourquoi, si souvent, ces femmes sont-elles beaucoup plus jeunes ? Cela commence-t-il toujours de la même manière…internet, prostitution, bars,… ? S’agit-il d’un marché ? Quelle est la place de l’argent dans ces relations ? Pourquoi autant d’hommes y vont « pour les femmes » ?

Nous n’aurons pas la réponse à toutes ces questions compliquées à l’issue de notre rencontre avec Charlie et Thaïa. Ce que nous pouvons dire néanmoins, c’est que l’argent n’est pas un élément étranger. De nos jours, vous allez me dire, il est présent partout, il tend à être un élément de poids dans toute relation - je dirais, moi, malheureusement. Certes, ne soyons pas naïfs. Mas lorsque dans une relation l’Amour prévaut, pour les deux personnes, j’estime que les faits, gestes et paroles les plus banaux du quotidien, et surtout devant des étrangers, ont plutôt tendance à évoquer un lien de l’ordre du sentiment que du domaine pécuniaire. D’autant plus qu’en mettant en lumière et à nu la place de l’argent - et ici il y a les questions de l’intégrité, de la dignité – on pourrait éclairer de manière aussi impudique un lien de subordination. Ce que je veux dire, sans détours – et je ne vais pas dire « sans jugement » parce que ce n’est pas vrai -, c’est qu’alors qu’on venait de se rencontrer en début d’après-midi, le soir Thaïa était déjà en train de se plaindre mielleusement de ne pas avoir assez d’argent et lui - qui se fait appeler Charlie -, pour ne pas perdre la face devant nous je suppose, d’énumérer tout ce qu’elle portait sur elle que lui, lui a acheté (boucles d’oreille, colliers, bagues…). Elle veut aussi une plus grande maison chez elle, dans son village, et conduire la grande voiture de Charlie. Lui, se doit de donner de l’argent à sa famille. C’est ce qu’il se doit de faire d’après la coutume en Thaïlande, selon Thaïa.
Mais bon, ce voyage nous a appris que les êtres sont humains parce qu’ils sont loin d’être parfaits…Ce qu’il en est, ou pas, de leur relation, ne leur enlève pas leur coté aimable.
La rencontre de Charlie et Thaïa ne suffit néanmoins pas à répondre à des questions compliquées. Après tout, il ne s’agit que de leur couple.
Vinh ne veut pas être en reste ; il y a d’autres questions qui le turlupinent depuis un bon bout de temps, en particulier : C’EST QUOI - VRAIMENT - UN LADY-BOY ?????? Vous n’êtes pas sans savoir qu’une bonne partie des « filles » travaillant dans les « bars à gogo » ou dans la rue n’en sont pas…Et qu’il y en a qui se réveillent bien surpris le lendemain.
Et le voilà, Vinh, qui lance l’offensive, quelque chose comme ça : « …yes that’s why I’m travelling…I want to know more about the cultures ». Jusqu’ici tout va bien, le Charlie acquiesce. Vinh poursuit : « I want to explore the sexuality in Thaïland ».
Alors là, bon sang, je ne m’y attendais pas !!! Qu’est-ce qui lui prend, le Charlie a failli recracher la bière et moi, je ne peux dissimuler mon offuscation (ce mot n’existe pas, mais vous pouvez l’utiliser à certaines occasions avec Vinh) ! Il veut explorer la sexualité en Thaïlande ! En puis quoi encore ?!! Je lui demande, s’il-lui-plaît, de s’expliquer car le Charlie doit déjà être en train de se demander qui a-t’il hébergé dans sa chambre d’amis. Bon, petit à petit, Vinh sort sa tête du gros marécage dans lequel il a plongé : il voudrait savoir qu’est-ce qu’un lady-boy…Parce qu’au Pakistan, à notre connaissance, il s’agit pour beaucoup d’hermaphrodites (personnes nées avec les deux sexes), qui décident de ressembler plutôt à une femme (se maquillent, s’habillent comme des femmes), et on les voit souvent dans la mendicité.
Cela tombe bien, un des fils de Thaïa est lady-boy ! Elle nous explique qu’il s’agit d’un garçon né avec un pénis atrophié et qui, dès qu’il est petit, se sent comme une femme. Dès lors, s’il a un peu d’argent, il se fait opérer afin de ressembler le plus possible à une femme.
Thaïa nous a montré quelques photos de son fils. Quelques photos d’elle-même aussi - habillée et maquillée pour l’occasion - dont elle semble très fière, mais qui nous, nous laissent dans l’amertume et dans une certaine incompréhension. Ces dernières ont encore pris des proportions plus grandes quand elle nous a montré des photos de sa sœur : une jolie, mais marquée, femme de 40 ans en mini-jupe et aux petits airs d’adolescente essayant de mettre ses atouts en valeur en posant dans une pièce ou une cour aux murs nus et noircis par l’humidité, au mobilier pauvre et triste… Pourquoi ??...Qui cela peut-il séduire ??

Nous avons passé une journée ensemble à la plage de Riley. C’est une île alors, il faut prendre le petit bateau-pirogue-à moteur.
Les mêmes colosses de pierre envahis par la végétation que nous avions déjà vus plantés au bord de la route jaillissent maintenant de la mer. Au bord de la plage, amarrés, des bateaux et il y a aussi…des arbres dans la mer.
Le décor est sympa, mais pas très tentant pour nager…




En fait, il faut longer un rocher et ses cavités humides pour arriver à la plage aux eaux bleues et calmes. Il y en a encore de ces rochers géants et verts plantés dans la mer et c’est bien parce qu’ils l’habitent, avec passion et mystère. Quelques uns ont des grottes au-dedans et on s’attend à en voir surgir des bateaux fantômes…






Il y a aussi un autel…rempli de phallus. C’est à cet endroit que les pêcheurs laissent des offrandes à leur déesse de la prospérité.




C’est à cet endroit que les pêcheurs laissent des offrandes à leur déesse de la prospérité. À propos de religion en Thaïlande…Comme dans la plupart des autres pays asiatiques, le culte du Bouddha est teinté d’éléments rituels animistes (on vénère et on cherche à contenter des esprits, la plupart du temps de la nature...). La religion en Thaïlande diffère de celle de ses voisins par les aspects hindouistes qu’elle y intègre. Ainsi, dans les temples et autels domestiques, Bouddha, Vishnou, Shiva ou Rama sont voisins. Cependant, ils ne se font guerre compétition, car – un thaïlandais nous l’a certifié – Bouddha reste le maître. Le culte rendu aux divinités hindoues et celui des esprits ont un rôle prépondérant dans la praxis, ils sont les garants de la protection au quotidien, la prospérité sociale, la santé, le bonheur en échange d’une série de gestes opérés à leur intention.

Le lendemain, nous partons en direction de Phuket et faisons une halte à Phang Nga qui est surtout connue pour sa baie. Nous choisirons cependant d’échapper à celle-ci et de suivre le panneau « Cascade ». Il fait extrêmement chaud, et lourd et la perspective du soulagement nous motive à suivre cette destination inconnue. Elle nous motive bien car, toutes les 5 minutes on doutait de pouvoir y arriver…La route s’enfonce dans la jungle en une montée abrupte et escarpée, de celles qui donnent toujours des sueurs froides à Vinh…Mais l’environnement est superbe. Des petits hameaux que l’on aurait bien du mal à découvrir si on ne voyageait pas avec son propre véhicule… Petites maisons en bois sur pilotis devant lesquelles se prélassent vieux et jeunes qui laissent tomber leurs mâchoires en nous voyant passer. Beaucoup de coqs partout, en nature et en statuettes, à croire que c’est la mascotte ici…Puis des champs et des forêts complètement déserts - à douter que l’on va tomber quelque part – jusqu’à ce bout de rivière verte où s’éclaboussent en éclats de rire des enfants qui s’apprêtent de se rhabiller en nous voyant arriver. On leur demande, avec des gestes bien-sûr, par où il faut aller pour arriver à la cascade. Ils nous indiquent un sentier envahi par les feuilles géantes de bananier, qui a tout juste la largeur du camion. Nous y allons donc, bringuebalants, soupçonneux, caressés de part et d’autre par une flore luxuriante, chargés d’humidité comme des fruits trop mûrs et dans cet environnement copieux, sucré, juteux, où tous les sens sont sollicités il n’y a aucun espace vide, où même la chaleur semble avoir un son, nul lieu pour le silence… un sifflement monocorde ininterrompu émis en cascade par des artistes très appliqués - des insectes qui nous sont inconnus, mais assurément des cousins aux grillons – règne, entêtant, sur la jungle.




Nous arrivons finalement à une lagune formée par une charmante cascade. Il n’y a personne. Vraiment ?? L’environnement confine au secret et à une certaine suspicion. Tant et si bien que je découvre que Vinh a peur d’aller nager dans ces eaux troubles qui s’épanouissent en pleine jungle et dans lesquelles il n’y a personne pour nous assurer que des serpents ou des monstres d’eau douce qui nous sont inconnus ne s'y cacheraient pas. Moi, personnellement, j’ai tellement chaud que je pourrais m’aventurer dans n’importe quelle flaque d’eau fraîche ! Alors avec une telle cascade, qui n’en rêverait pas ?
Finalement, j’entre la première, histoire de tâter le terrain et Vinh ne tardera pas à m’y suivre. Mais c’est vrai qu’il a semé quelque chose dans mon imagination et maintenant ces histoires de monstres des eaux n’arrêtent pas de fleurir et dès qu’un bâton ou une algue effleure mes orteils je sursaute !
Nous voulons faire une photo de nous deux, nous n’en avons pas beaucoup. Vinh pose l’appareil photo sur une roche stable un peu plus loin. Ce qui donnera, je crois, la série de photos la plus mémorable de nous deux. Une série de photos en rafale de Vinh qui vient de marcher sur un mètre ou deux de pierres pointues pour ne pas arriver en retard pour la photo et qui, finalement, m’écrase le pied en toute beauté, accident que je ne peux dissimuler sur la photo. En plus, comme il y en a plusieurs, en rafale, on peut observer toute l’historique de la douleur. Mais ces photos sont inédites, on ne les montrera pas ici.




Au retour de la cascade, nous tombons sur un chouette boui-boui sous les arbres où nous nous rassasions avec une soupe de nouilles et où nous nous voyons offrir de ces fruits spéciaux, à la peau dure et couleur aubergine et à la chair qui ressemble au litchi.

La nuit nous arrivons à Phuket et trouvons notre bivouac pratiquement en face de la plage, à côté de ressorts pompeux et de ce qu’on apprendra, le lendemain, être une compagnie de bateaux. Le matin c’est une liberté que de pouvoir avant toute chose se rafraîchir dans l’eau de la mer dans laquelle il n’y encore personne.




Mais il n’y a encore pas si longtemps ce pan de terre que nous occupons avec autant d’insouciance connut une terrible catastrophe ; vous vous souvenez du tsunami. Beaucoup de personnes y laissèrent leur vie et on voit encore marqué sur le mur la hauteur effrayante à laquelle arriva la vague monstrueuse.
Les gens travaillant dans la compagnie nous offrent un café et nous proposent de prendre une douche (toujours plus pratique que la nôtre) dans la salle-de-bains qu’ils ont dans leurs bureaux.
Nous recevons ce jour là aussi la visite d’un américain qui a longtemps vécu en Allemagne et qui a voyagé comme nous, en camion, avec sa femme allemande et son fils, jusqu’en Thaïlande…où lui et sa femme se sont séparés et où il est resté avec son fils. Aujourd’hui, il vient nous voir avec une très jeune fille thaï, bien sûr.
Entretemps, la femme de la compagnie de bateaux vient nous apporter une assiette de nourriture. Lui, il nous invite à bivouaquer en face de chez lui. Il organise une petite soirée avec des amis dans sa villa, au sommet d’une colline avec une très belle vue. Nous acceptons.
Le gars, il a monté un business en Thaïlande, il a construit toute une série de villas au sommet d’une colline d’où il a fait raser quelques arbres...
Nous, on a eu une petite frayeur dans la montée très pentue menant au sommet…




La villa, pas besoin de photos, c’est la typique villa américaine que l’on voit uniquement dans les filmes, vitrée sur de grands pans de mur, vue plongeante sur la vallée et les alentours, piscine au bord du gouffre, eau turquoise à ras-bord - mais qui ne dépasse pas -, petite terrasse où la gente fortunée s’en donne à cœur joie dans les alcools… et dans un relativisme insouciant-bobo au service des petits désirs et plaisirs individuels. Le tsunami, par exemple,… « ‘pas grave…c’est juste la Terre qui s’exprime ! », « Des gens sont morts ?...C’est tant mieux, il y a trop de gens sur Terre ! »…Ouaip, mais bien sûr c’est pas toi qui a été emporté par la vague…ni quelqu’un de ta famille…Toi qui étais sûrement bien planqué dans ta villa haut perchée.
Discussions autour des voyages et constatation qu’il n’y a pas que des individus aux grands idéaux qui partent sur la route.
Un autre arrive avec sa petite amie, thaï, très jeune aussi…
Plus tard, un addict des bars à gogo qui a fini par acheter l’hôtel dans lequel il finissait ses nuits de débauche…malgré la grosse villa qui l’attendait quelques kilomètres plus loin. Surtout ne pas évoquer une quelconque « moralité ». Sujet hors propos. Ringard. Obtus. Il n’y a d’immoral que l’abus des enfants. Exploiter la misère humaine, n’est pas immoral, mais juste un système « donnant-donnant ». Et puis quoi, qui renoncerait à un tel paradis ? Un paradis où les femmes – quand elles le sont – « sont comme ça », « smoothie », pour reprendre l’expression que Charlie avait utilisée…C’est culturel. Et si c’est le paradis, pour nous, tant mieux. Si on peut y construire la maison que l’on ne pourrait jamais avoir en Europe au mépris de quelques arbres abattus en échange de quelques billets glissés en dessous de la table…Si l’argent permet tout, pourquoi pas ? C'est pas nous qui l’avons inventé, ce système…On n’a fait qu’y trouver une place. La meilleure, en l’occurrence.
Soirée à boire des bières, à écouter ces « beaux » discours noyés dans des rires gras gargarisés dans le cynisme et à partager quelques histoires de voyage qui, au final, n’ont pas du être bien comprises…Une expérience.
En plus, petite information supplémentaire qui viendra aider Vinh dans l’analyse culturelle qu’il mène actuellement, pour rappel : « QU’EST-CE QU’UN LADY-BOY ? ». On nous assure qu’il ne s’agit pas forcément de petits garçons qui sont nés avec un pénis atrophié et qui se sentent filles. Pour la plupart, ils sont « normalement » constitués. Ce serait plutôt comme les travestis de chez nous, mais en plus subtil et raffiné. Ou bien…des garçons que des familles opèrent très tôt en tant que filles en y voyant une future probable source de revenus. Une autre explication a été avancée, séduisante, oh combien séduisante…mais balançant entre et dans un culturalisme-existentialisme douteux : les garçons thaï ne sont pas, la plupart du temps, physiquement typés « masculin ». Garçons et filles se ressemblent beaucoup. Du coup, il n’y a pas vraiment une identité sexuée comme chez nous. On passerait d’un genre à un autre comme on changerait d’habits…Mais alors, je me demande, pourquoi ne voit-on pas des « boys-ladies », des filles qui se feraient opérer en tant que garçon ? Et pourquoi, bien souvent, en fait-on une source de revenus ?
Ah, et alors, à la question, pourquoi voit-on autant de filles thaï avec des étrangers : les hommes thaïs sont brutaux et volages. Ils agiraient comme des machos avec leurs femmes. Un peu contradictoire avec le soi-disant caractère "effeminé" de l'homme thaï, non?
Une nuit de sommeil néanmoins agréable passée dans le camion planté au sommet de cette colline et balayée d’un souffle d’air frais et de quelques étoiles, qui elles, là-haut, s’en balancent bien de ces misères très humaines.

Mais bon, on ne peut réellement parler que de ce qu’on a vu ou même expérimenté. Nous ne quitterons donc pas Phuket sans aller faire un détour à son « quartier rouge ». Avant cela, rinçons nous les idéaux avec un peu de beauté : le coucher de soleil sur la plage par exemple. Un ciel qui jette ses couleurs rouge, violet, mauve sur la mer. Des petits stands de nourriture. Une brochette mangée assis sur un rocher.




Néons, restaurants, musique à fond, filles (?) sur la piste de « danse », très à l’américaine et beaucoup, beaucoup, pratiquement que des touristes. Parmi ceux-ci, des bien de « chez-nous » et parfois même en famille. Mais aussi, et alors là, la Thaïlande devient le terrain des contradictions : des familles musulmanes, des femmes en burqua noire aussi voilées que les autres sont dénudées…






C’est « bon enfant », me dira-t-on. Pas de quoi faire toute une histoire. Vous avez quand même pour nuancer le tout, des petits marchés locaux tout à fait « innocents ». Et, comme partout, une femme qui fait le trottoir autrement : en mendiant avec son bébé accroché à son sein décharné. Mais lui donne-t-on quelque chose à celle là ? Ou ne donne-t-on finalement que quand on peut recevoir en échange ? Faut-il le mériter notre argent facile ?...Et à QUEL PRIX ??

Mais je suis d’humeur jouette. Quand on voyage, je suis consciente, il faudrait sûrement se départir de ses illusions et prendre du recul par rapport aux valeurs longtemps transportées avec soi. Quand on voyage comme nous, les bagages, il faut essayer de les laisser chez soi.
Alors, nous allons quand même siroter une bière dans un de ces bars ouverts sur la rue où des filles (?) dansent (???) autour des barres.
Bon, le niveau artistique et technique de la danse en question ne vaut pas grande chose. Vous vous en doutiez, mais moi, bon, je trouve que quand on fait quelque chose – surtout si c’est culturel et tout à fait intégré et accepté par la personne en question – alors, on y met du cœur. Apparemment, il n’y a pas tant de cœur que ça. Mais beaucoup d’agressivité – ou de flegmatisme -, de vulgarité et…de plastique.
Pour le grand bonheur de Vinh, qui a pu ainsi s’épancher totalement sur son sujet d’étude : dans ce bar il n’y a que des ladies-boys. Mais avouez que les chirurgiens en Thaîlande – où il y a sûrement des petits enfants qui ne bénéficient pas de certains soins de santé primaires – sont quand même des pros :




Après Phuket, nous longeons la partie la plus étroite de la Thaïlande, très près de la Birmanie. Bref arrêt à la plage de Chan Damri que le guide – déjà ancien – décrit comme une belle plage tranquille et à l’écart et qui, en effet, s’est révélée comme étant très tranquille, mais à la manière des films d’horreur. Infrastructure et bungalows laissés à l’abandon, gagnés par la végétation et l’eau stagnante, chiens errants et mer infréquentable sur une dizaine de mètres de boue et d’eau au fond de laquelle poussent des trucs piquants…




Bref, pas de plongeon ce jour là. Un charme suranné s’accroche cependant à la décrépitude, pas assez en tout cas pour qu’on y passe la nuit, à moins d’avoir envie de faire quelques cauchemars. Nous élisons donc notre bivouac en haut de la butte qui nous offrira quand même une splendide vue sur la baie.




Pas loin, dans le village, nous avons découvert un sympathique petit restaurant spécialiste en produits de la mer. Vue sur le fleuve et les villages fluviaux, et les bateaux allongés qui, doucement, tissent la nuit d’une berge à l’autre…




Sur la route de Bang Saphan, rafraîchissements dans les cascades…




Et puis, bivouac face à la mer, après voir longé des kilomètres de plage au sable blanc immaculé, bordée d’hamacs suspendus aux palmiers.
Rien à la ronde, un seul restaurant.




Je me suis délectée d’un durian (fruit honni par la plupart des non-asiatiques surtout à cause de sa très forte odeur) pour la première fois. Je le trouve très bon sur du pain.




Plongeon matinal, ramassage de coquillages, observation de milliers de petits crabes qui font des dessins fous sur le sable en s’éparpillant. Et tout ça, seuls, à perte de vue.

Nous reprenons la route. Il fait très chaud. Arrêt au Wat Phra Phut Khiti Srichai ou temple du big bouddha qui surplombe la vallée. Ce dernier est en travaux, comme beaucoup de choses monumentales lors de notre visite…Qu’à cela ne tienne, la visite du temple fût un vrai régale. Enfin, un peu de spiritualité. De ces vrais moments où on se sent toucher le cœur des choses. Une cérémonie se tient au dernier étage. On se laisse bercer par la litanie cadencée des prières, on se laisse envahir par la lumière rouge et dorée qui exhale de ces murs travaillés avec cœur, on se voit même offrir une boisson à l’image des autres fidèles.








Une pluie torrentielle nous surprend à Prachuap Khiri Khan où nous nous étions arrêtés pour déguster les petits mets à base de produits de la mer que vendent des petits stands tout le long de celle-ci, et pour lesquels cette ville mérite une halte.





Bangkok ou la Cité des Anges.
Nous essayons de trouver un bivouac où un autre voyageur en camion dit, sur Internet, s’être posé. Nous le trouvons après 4 heures de dérive dans la circulation et les longues artères terrestres et aériennes qui dessinent la capitale de la Thaïlande.
C’est à Sukhumvit, un des quartiers « rouges » très actifs – et touristiques (il y en a-t-il un qui ne le soit pas ?) – de Bangkok. Par chance, c’est un très bon emplacement, dans une rue en « cul-de-sac », assez tranquille mis à part qu’il y a une école juste à coté et qu’ils commencent des « récitals », en chœur, assez tôt le matin.




Dans les rues de Sukhumvit, des bars, des hôtels, des centres de massage devant lesquels les filles se font les ongles et vous hèlent au passage d’un « massaaaage ? » , des filles (?), de la nourriture, des chats, des chiens, odeur de bière, odeur de soupe, un géant qui marche pieds nus et s’écroule parfois sur le trottoir quand il a mal au ventre, des femmes voilées, des familles avec des gamins, des couples, beaucoup de couples mixtes…Accoudés aux bars, des hommes aux yeux cernés, barbe de 3 jours, portefeuille rempli, des filles – parfois très jeunes – qui se font offrir des verres, qui piaffent, qui rient, des rêveurs, des déçus, des résignés…
Sur les grosses artères, des Mc Do, Pizza hut, Starbuck, des chaînes et des centres commerciaux, beaucoup et immenses. En bas de ceux-ci, le long de la route, des marchés populaires vendant…de tout, des « restaurants » de fortune.
Dans le guide, ils surnomment la Thaïlande le « Pays du Sourire ». J’en cherche, mais je ne trouve pas.












La traversée du fleuve qui permet d’accéder au centre historique de Bangkok est très belle. Gratte-ciel, maisons sur pilotis et temples au toit pointu se côtoient.






Sous une chaleur torride : visite de l’impressionnant et fantastique Wat Phra Kaeo et du Grand Palais.












Puis, du sanctuaire du Lak Muang, pilier à partir duquel sont mesurées toutes les distances en Thaîlande. Dans ce sanctuaire, on vénère Siam Thevatirate, l’ange protecteur du pays. Le pilier est un symbole phallique traditionnel de la puissance et fertilité, mais vue de manière large au sens de prospérité sociale et pas vraiment connotée d’érotisme. Il symbolise également l’esprit de reproduction, de nombreuses femmes stériles viennent donc ici pour prier.




Le centre historique, la ville royale s’appelle Rattanakosin. Ce quartier fut fondé par le Roi du Siam et est ceinturé de canaux ainsi que de fortifications.
Loin, mais si près, de l’or et la sophistication des temples, le long du fleuve des maisons sur pilotis et quelques instants de dénuement, mais de poésie aussi…






Dans le Wat Po, ou Temple de l’Illumination, la plus grande image du Bouddha dans l’attente de la mort : la statue mesure 46 mètres de long et 15 mètres de haut. La plante des pieds, incrustée de nacre, porte les 108 signes que Bouddha avait dès sa naissance.






Ce temple, couplé de son quartier monastique, est le plus ancien de Bangkok. Il est très agréable surtout visité en fin d’après-midi quand il n’y a quasi personne. A l’ombre d’un arbre, au gré des déambulations monastiques ou à la recherche de l’astrologue-devin annoncé par quelques indications…







Bangkok enferme également un « little India », quartier Pahurat ; on déambule dans de minces ruelles-marché où l’air se fait rare, mais les odeurs et la beauté tenaces sous un fond sonore doux-criard de musique dévotionnelle toute en cymbales au refrain répétitif. Petit tour dans une boutique vendant des centaines de divinités animalières dont la propriétaire est de très mauvaise humeur et, lors d’une de nos tentatives de marchandage, s’en va en marmonnant comme une mégère. Justement, on y vient faire une cérémonie religieuse…Hommes en turbans qui s’assoient en cercle sur un tapis, encens qu’on brûle et promène autour du magasin, colliers de fleurs que l’on dépose aux pieds d’un Vishnou ou d’un Rama et puis petit à petit et de plus en plus fort, les tambours, une voix rauque et profonde qui s’élève et, du coup, un parfum qui nous devint très familier – et nostalgique – d’un continent, indien, qui s’accroche encore à notre cœur.




Petite visite au temple sikh, qui s’élève avec peine, mais noblesse, entre les tentes et les petites maisons : le Siri Guru Singh Sabba. Mais avant, il faut aller acheter un pantalon, car nous ne pouvons pas rentrer en short. Une fois là-bas il faut, bien sûr se déchausser, puis attacher un foulard à nos têtes, Vinh et moi sommes prêts pour assister au culte.




Après une journée de marche avec les sandales en carton que l’on m’a vendues au Pakistan, un massage des pieds s’impose car la journée n’est pas terminée, on s’en va pour souper au China town, univers très particulier.








Le lendemain, exploration du quartier Khaosan, celui où affluent la plupart des voyageurs à petit budget voyageant sac-à-dos. Enfin, il paraît que ça l’était « dans le temps ». Aujourd’hui, en tout cas, c’est un grand marché « baba-cool ». Enfin « cool » dans un certain sens, car je trouve que l’ambiance marchande n’est pas franchement super…Vous avez en Thaïlande une espèce de marchands qui m’était jusqu’alors pratiquement inconnue et que j’appelle aujourd’hui : les « arnaqueurs susceptibles ». Des arnaqueurs, vous en avez bien évidemment partout, mais je n’en avais jamais vu avec une sensibilité si à fleur de peau ! Quand ils n’arrivent pas à vous arnaquer, ils boudent et vous envoient tout simplement dans les roses, quand ce n’est pas carrément agressif !! Ils veulent également commencer à marchander, mais ne jouent pas le jeu jusqu’au bout et au terme de quelques tentatives, vous ne lisez plus le sourire qui accompagnait le « swaat-di-khaa » doucereux avec lequel il vous a accueillit ! On est loin de l’art du négoce passionné mais raffiné, subtil et fair-play d’Afrique du Nord ou du Moyen Orient…

Finalement j’ai décidé que je ne me rasais pas entièrement la tête, mais je passe quand même chez la coiffeuse pour couper un peu, car avec le soleil et l’eau de la mer, les cheveux ont souffert.




Le lendemain, visite au Wat Ratchanatda Worawihan où les chats se prélassent à l’ombre des piliers. Les travaux du bois qui ornent le temple sont tout simplement spectaculaires. Et puis, aux entrées, le bleu et le doré se mêlent et des guerriers d’un autre temps nous surveillent de près…









Ah oui, entretemps, à l’ambassade du Cambodge, nous avons fait la connaissance d’un couple de voyageurs portugais : Tiago et Joana. Ils voyagent pour un an. Nous nous donnons rendez-vous le soir au Sky Hotel, qui possède une tour de 84 étages ! Au 83ème on peut boire un verre en contemplant la vue panoramique sur la Cité des Anges. Vinh et moi arrivons les premiers et…on se fait refouler. Et moi qui pensais que c’était parce que Vinh n’était pas bien habillé, non, c’est parce qu’ils estiment que mes sandales « ne sont pas assez jolies ». (Ah oui, il ne s’agit pas de celles en carton qui m’ont définitivement lâchée, mais d’une paire de tongues achetées la veille). Tiago et Joana arrivent un peu après, mais n’essayent même pas de rentrer au vu de l’accoutrement de Tiago encore moins « joli » que le mien. (Décidément ces portugais !).
Nous décidons d’aller manger au China Town qu’ils n’ont pas encore vu et nous nous rouons alors sur des plats de poisson. La nuit est chaude, on transpire à grosses gouttes, mais on parle bien et beaucoup et leur compagnie nous est très agréable ! Tiago est un peu fou (il est déjà parti dans une course en voiture pourrie du Portugal en Mongolie…) et Joana, une fille intelligente et sensible. On est contents de s’être rencontrés et on est sûrs que l’on va se revoir.

Avant le départ de Bangkok, qui est éminent, une certaine honnêteté de voyageur – « tu ne parles que de ce que tu connais » -, à l’instar de celle qui nous a mus à Phuket, nous invite à Patpong. Pendant longtemps, les rues de Patpong étaient synonymes de débauche nocturne. C’est pour cette raison que les autorités ont décidé d’y implanter un marché populaire, un commerce local d’une autre nature. Mais soyons clairs, les gens n’y vont pas pour ça.




La création du quartier en question date des années 50 lorsque la famille, chinoise, Patpong ayant fait l’acquisition des terrains du secteur, loue les locaux aux compagnies aériennes qui venaient de s’installer en Thaïlande.
« Or donc, certains membres d’équipage (en escale) et le personnel administratif résident devaient s’ennuyer ferme, le soir venu : il y avait là un « marché à saisir »…et de fideliser la clientèle en créant des « infrastructures » pour permettre au « personnel qualifié » d’exercer…Pendant la guerre du Vietnam, le choix de la Thaïlande comme base arrière américaine s’étant avéré pratique, les permissionnaires affluèrent…et par la suite, un flot de touristes occidentaux en mal d’exotisme (démocratisation des vols internationaux)…Quand à la famille Patpong, elle gagna sur cette affaire une fortune colossale…Patpong est réputée pour ses « sex shows» : des aboyeurs (en chemise blanche) ou des jolies (??) demoiselles court vêtues viennent racoler les clients potentiels jusque sur les trottoirs… », dixit Le Petit Futé.
Le sordide, et les arnaques, ne sont pas loin, disent-ils également dans le guide. Ils sont même très près, si pas partout. Evidemment, nous ne pouvons parler que de notre expérience qui fut loin d’être bonne. L’ « aboyeur » nous assure « pas d’entrée » et bière à 100 bahts (un peu plus de 2 euros, c’est déjà le doble du prix ordinaire). Ok.
Sordide, c’est le mot juste pour décrire l’endroit dans lequel nous avons été amenés. Pas trop de détails ici, dans le blog, mais on l’a échappée belle. À peine assis et commandé deux bières pour nous, cinq filles ( ?) nous entourent et d’une voix mièvre qui nous insupporte, elles insistent pour qu’on leur offre des boissons à toutes. C’est hors de question bien-sûr. C’est écœurant. Ensuite, la matrone vient et nous « demande » de payer : « Pay !». C’est 300 bahts par bière (et non pas 100). La première serait plus chère. C’est hors de question, on nous avait dit 100 bahts. On nous réclame également 600 bahts (par personne) pour le « « « spectacle » ». Les voix s’élèvent. On dit que ce n’est pas ce qui nous a été annoncé et qu’on ne paiera pas, qu’on préfère partir. On force un peu le départ, on le fait le plus rapide possible, déjà on croit voir des colosses s’agiter un peu derrière nous. On dévale les escaliers, ouf !, c’est le genre de situation qui peut ne pas bien se terminer !

Bon, moi j’ai plutôt envie de partir de Bangkok, mais Vinh veut assister à un match de boxe thaï. Pas un de ceux que l’on monte exprès pour les touristes, bien-sûr. Comme ceux que l’on organise dans des grands stades et qu’on fait payer 50 euros !! (Vous imaginez, un thaïlandais gagne en moyenne 6 euros par jour !)
Alors nous dégotons un endroit où il paraîtrait que c’est gratuit – il n’y a pratiquement que des thaïs qu'y assistent.
Le jour fatidique on y arrive en retard et on apprend, en plus, que les matchs se déroulent désormais à un autre endroit. On continue notre course. A notre grand étonnement, cela se déroule au dernier étage d’un centre commercial, après les articles de sport. Un moment, on a eu peur, on a cru qu’on nous aurait mal compris et pensé que nous voulions acheter des gants de boxe.
Nous parvenons, malgré notre retard à assister à une heure de match.
L’ambiance est aux interjections et aux paris. Vinh aussi il s’exclame !









Départ pour le nord de la Thaïlande, 1ère étape : Ayutthaya et son parc historique.

Avant sa chute, en 1767, Ayutthaya fut la capitale du Siam, connut le règne de 30 rois et compta 800 000 habitants. Les étrangers se regroupaient par quartier, il y en avait ainsi pour les Indiens, les Chinois, les Japonais, mais aussi pour les européens Portugais, Hollandais et Français.
À cause de ses 50 km de canaux, elle s’était faite surnommer la « Venise de l’Est » par les Européens de l’époque. Elle ne comptait pas moins de 400 temples, 3 palais,…

Le Wat Sri Sanphet est l’ancienne chapelle royale, il se caractérise par 3 grands chedi alignés côte à côte et érigés en l’honneur des 3 premiers rois d’Ayutthaya ainsi que quelques Bouddhas amputés.






Dans le Wat Mahatat, une tête de Bouddha est enserrée dans les racines d’un banian.






On continue vers Lop Buri où on installe, la nuit venue, notre bivouac sur le jardin d’un temple en ruines. Très bel emplacement pour passer la nuit, sauf que le lendemain j’ai retrouvé une de mes tongues deux rues plus loin, à moitié bouffée par un chien. Décidément, on ne les trouve vraiment pas jolies.




Dans ce temple, un exemple de dévotion animiste : des offrandes placées au sein d’un arbre :





À Lop Buri, visite du Prang Sam Yot et du San Phra Khan. Le second est un édifice khmer. Dans les deux, les singes sont les maîtres des lieux.













Il fait très chaud, on décide donc de partir à la recherche des cascades. Le hasard fait en sorte que nous décidions de quitter la route principale et de prendre une route qui dit mener aux cascades de Chat Trakan. Mais en fait, nous ne savons absolument rien de ces cascades. (Cette partie de chemin, n’est pas décrite dans le guide). On décide juste de suivre cette direction.
La nuit venue, nous nous arrêtons dans un village et cherchons un bivouac. On nous refuse plusieurs emplacements, parfois après de longues discussions à l’issue desquelles nous finissons par comprendre qu’on ne nous comprend pas. Finalement, affamés, nous décidons de manger d’abord et de trouver une solution ensuite. De retour au camion après une soupe de nouilles, un monsieur nous interpelle très gentiment. Après les questions habituelles, il nous fait comprendre que ce que nous faisons là c’est un rêve qu’il a depuis tout petit, mais que malheureusement, il n’a pas les moyens de le réaliser. Il est touchant, il parle avec plein d’hésitation, alors nous restons un peu bavarder et profiter de la fraîcheur de la nuit devant son magasin. Bientôt, il se fait rejoindre par un copain qui porte au moins une quarantaine d’amulettes sur son torse nu. Chaque thaï en porte au moins une. Souvent, il s’agit de médaillons portant une des représentations d’un Bouddha. Et ils en ont pour différentes occasions : pour la voiture – éviter les accidents – et autres. Nous voyant intéressés, ils nous font don de presque 10 amulettes !!
Ils nous indiquent également un temple où nous pouvons dormir et nous y accompagnent afin de demander la permission au moine. Celui-ci est d’accord, mais les nombreux chiens, eux, semblent réticents. Les chiens en Thaïlande, la nuit, deviennent des monstres effrayants. Et il y en a beaucoup dans ce temple. Tellement que j’ai très peur de sortir du camion. Heureusement, petit à petit, ils s’habituent à notre présence.




La nuit fût courte. Vers 5 heures du matin, le monsieur qui nous a introduits dans le temple est à nouveau là, et il discute avec le moine devant le camion. Il avait dit qu’il viendrait nous apporter le petit-déjeuner, néanmoins nous ne pensions pas que ce serait de si bonne heure !! Pour ma part, je fais semblant de ne rien entendre, et nous réussissons à prolonger notre repos d’une petite heure encore…
Du riz, des fruits, de l’eau, un plat de légumes c’est ce que notre ami nous a apporté pour le petit-déjeuner et que le moine a voulu compléter encore de riz et de fruits.
Pendant que le moine fait un peu de maçonnerie dans son petit temple, Vinh et moi, nous nous occupons du notre.

Un peu de rangement à droite et à gauche et nous voilà partis vers les cascades en suivant, puis perdant de vue, un fleuve brun.




Nous avons pu dormir dans le parc au sein duquel se trouvent 7 belles cascades, les unes plus belles que les autres.
Vinh a toujours un peu du mal à s’avancer dans l’eau brune. Et c’est vrai que le sol – une sorte de vase collante dont on n’en voit pas le contenu est plutôt…heuuhhh…dérangeante. Mais ce serait dommage de ne pas vaincre ses petites appréhensions, vous ne trouvez pas ?




Sur la route du parc…d’autres choses dérangeantes…




Nous roulons maintenant vers ce qui sera notre dernière ville en Thaïlande : Nan.
Le paysage est de plus en plus beau, dans les hauteurs le regard plonge sur une végétation foisonnante. Nous en profitons pleinement lors d’un arrêt pour manger sur un restaurant au bord de la route, et de la falaise aussi. Le vert et la rondeur des collines s’étendent à perte de vue.




Il s’agit de petits restaurants haut perchés proposant toutes sortes de mets. Nous ne goûterons pas aux grenouilles sur le barbecue.




Il est trop tard pour arriver à Nan, alors nous nous arrêtons dans le village de Wiang Sa. C’est aussi parce que dans le guide, ils disent que tout près il y a le village de l’une des dernières tribus de la forêt – les Mlabris.
Nous nous arrêtons dans une jolie rue du village et cherchons où nous pourrions manger, disons, plus confortablement. Ce soir, nous avons envie d’un lieu cosi, d’une nourriture qui ne sème ni le doute, ni l’incendie dans nos corps et esprits. Bref, d’un environnement peut-être un peu moins dépaysant. Le ciel a une fois de plus entendu nos prières. Alors que nous nous tâtions de rentrer dans un endroit qui nous a séduit par la chaleur de sa lumière et de son bois et par le bus aménagé en bar juste à côté, son propriétaire en est sorti et c’est peut-être son rayonnement original ou l’intérêt spontané qu’il nous a gentiment démontré, mais il a fini de nous convaincre de rentrer. Lui, c’est P’Yok Chang-nan, notre nouvel ami.

Cet endroit calme et poétique c’est son projet d’artiste. Un restaurant-salle d’exposition, mais avant tout, une maison familiale où déambulent pieds nus ses enfants et sa femme qui s’occupe du restaurant qui est surtout spécialisé en glaces. Chang a crée aussi sa propre ligne de vêtements qu’il vend également à cet endroit.






Chang nous a donné une petite place de parking juste à côté où nous avons très bien dormi pendant deux jours. Il nous a donné plein de renseignements nous permettant d’organiser notre visite chez Mlabris – pas sûr car depuis 2 jours la pluie est torrentielle et peut rendre les routes impraticables -, notamment un contact dans la ville de Nan qui pourra nous informer davantage. Il nous a trouvé un lavoir et permis de récupérer plus facilement notre sac que nous avions oublié dans la consigne d’un supermarché à 70Km… !
Puis, nous avons été gentiment invités à leur petite soirée entre amis au cours de laquelle, ils ont cuisiné des spécialités thaï comme de la vessie de cochon ou de la viande de bœuf crue marinée dans du citron, dans le sang du bœuf, épices et coriandre…




Chez Chang, c’est paisible, tendre, chaleureux, et quand la pluie s’abat dehors, sur la route, la musique en est d’autant plus belle.
Oui, la musique a un côté très romantique, mais pas pour tout le monde surtout en période de mousson.
Pour les habitants, cela peut être un vrai problème. Regardez un peu cette route à Wiang Sa…




Notre séjour en Thaïlande s’achèvera dans la jolie petite ville de Nan.
En effet, nous n’irons pas visiter les Mlabris pour la même raison que je n’ai pas voulu « aller voir » les femmes-girafes.
Le contact que Chang nous a donné à Nan nous a dit que si les touristes voulaient voir les Mlabris, la plupart du temps ils prévenaient une agence qui allait vite leur dire de se dénuder et de s’accoutrer de leurs feuilles de bananes…Non, merci. Je ne tiens pas vraiment à les voir tout nus. Mais tels qu’ils sont. De savoir cela, ça nous a complètement enlevé l’envie de mettre le pied dans ce village et nous décidons de visiter un peu la ville de Nan. Cette dernière, était au XVème siècle une cité importante du royaume Lao. En 1930 seulement, elle devint partie intégrante du royaume de Siam. La population, principalement d’origine laotienne, comprend aussi des ethnies venues de Chine du Sud il y a 150 ans environ. La ville de Nan est un carrefour, ce qui lui donne beaucoup de charme.

En voici quelques temples :











Le vert nous accompagne sur la route du Laos et notre horizon s’élargir, tout en rondeurs.


2 commentaires:

zaza a dit…

que de questions sur le genre en Thaïlande... intéressant! contentes d'avoir de vos nouvelles depuis votre super voyage, tout simplement INCROYABLE! (et pour info, on attend une petite fille ici à Bruxelles ;-)

Gros bisous à vous 2
zaza

Maud a dit…

Hello vous deux!
A nouveau de belles photos et que d'aventures!! J'attends avec impatience les conclusions de l'enquête de Vinh sur les "lady-boys" ;-)
Ce qui m'a le plus épatée, c'est que vous ayiez osé goûter du boeuf cru mariné dans du sang!! Moi qui étais fière d'avoir mangé des fourmis au Costa Rica... haha
Bon voyage au Laos et à bientôt!
Gros bisous!

Maud

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